Le château d'Anjou
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Le Château d'Anjou

 

Au XVIe siècle, le cardinal Jean de Tournon, ministre de François Ier s'y reposait déjà ; au XVIIe siècle, le roi Louis XIII y aurait reçu la collation lors de sa remontée de la vallée du Rhône ; au XVIIIe siècle, Anne-Louis de Thiard, marquis de Bissy, maréchal de camp des armées du roi, l'habita et laissa ses grandes armoiries sur les plaques des cheminées du château d'Anjou. Enfin, à la fin du XVIIIe siècle, la famille Jourdan acquit ce grand domaine qu'elle ne cessa d'embellir.

 

Arrivée et fortune des Jourdan à Anjou

 

Le 4 décembre 1792, Antoine-Sébastien Jourdan acquiert de Pierre Praye, bourgeois d’Anjou, un domaine constitué de terres et d’un château aux décors peints, dont les premières pierres datent du XVe siècle.

Mais plus que ces décors du XVIIe siècle, déjà passés de mode en cette fin du XVIIIe siècle, le domaine d’Anjou intéresse Antoine Sébastien Jourdan pour l’eau abondante qui s’y trouve.



La fabrication du drap - la teinture, Encyclopédie de Diderot et d'Alembert.

Déjà avant la Révolution, Antoine-Sébastien Jourdan est enregistré comme ratinier (fabricant de laine cardée, foulée et grattée) ; la demande pressante de drap de laines pour habiller les armées des guerres révolutionnaires puis impériales va lui permettre de prendre un nouvel essor et de faire rapidement fortune.

De chaque côté de la maison de maître, il va élever de grands ateliers afin de créer une manufacture de draps.

Dès 1806, les bâtiments figurent sur le cadastre et la manufacture deviendra une des plus importantes de la région faisant travailler, en 1811, 400 ouvriers qui produisent tous du drap pour habiller les troupes françaises.

Un rapport préfectoral de l’époque précise : "Le profit… on peut le présumer très avantageux à en juger par l’accroissement de la fortune du propriétaire qui est doté il est vrai de beaucoup d’intelligence et d’une grande activité…"

Son fils, Marc-Antoine (1798-1847), maire d’Agnin et député de l’Isère, transforma peu le domaine. La manufacture avait été fermée dès 1820 et le domaine était redevenu la propriété d’agrément d’une riche famille. 

A son tour son fils, Clément-Marc (1836-1908) allait hériter du domaine d’Anjou.

  

Clément Jourdan et Alice Aynard

 

 

 

 






 
Hommage à la jeune mariée, Jean Béraud.


Riche héritier, Clément-Marc Jourdan épouse en 1863, Alice Aynard (1840-1916),  fille de François Aynard, dont la famille est proche des Jourdan depuis la Révolution.

En effet, les Aynard ont fait, eux-aussi, une grande fortune en produisant du drap militaire (garance) pour habiller les armées Révolutionnaires puis impériales.

François Aynard, à l’époque du mariage de Clément Jourdan et de sa fille Alice, est un grand bourgeois lyonnais, membre du Conseil général de l'Ain, Président du Tribunal de Commerce de Lyon et Censeur de la Banque de France de Lyon.

Dès 1858, la Maison Aynard et fils, fabrique de draps, se transforme en maison de banque et le 19 décembre 1866, une nouvelle SNC se forme, au capital de 12 millions de francs Or, dont Madame Clément Jourdan est une des commanditaires.

Comme toutes les grandes banques lyonnaises de son époque, elle s’intéresse au financement des achats de soie et se dote d’un magasin de soies où l’on dépose la marchandise en nantissement. Elle participe également à de grosses opérations, en particulier, dans le domaine des travaux publics sous le Second Empire : construction des quais de Lyon, Compagnie des chemins de fer de la Dombes, Compagnie des Aciéries de Saint Etienne, Crédit Lyonnais…

Madame Clément Jourdan est beaucoup plus qu’une riche commanditaire dans la Maison Aynard car elle est très proche de son cousin germain Edouard Mathieu Aynard (1837-1913), qui dirige la Maison familiale.

Homme brillant, il est aussi administrateur de la succursale de la Banque de France à Lyon, puis Régent de la Banque de France. Conseiller municipal de Lyon en 1871, député de la 8ème circonscription de Lyon et Président de la Chambre de Commerce en 1889.

De ce fait, Madame Clément Jourdan reçoit, tout naturellement, la haute société française et internationale, mais aussi de très nombreux hommes de lettres, architectes, artistes…

Dans un premier temps à Lyon, car la propriété familiale, de son époux à Anjou, ne correspond plus au rang des Jourdan-Aynard.

 

 





Soirée musicale, Jean Beraud


Les Duchêne à Anjou

Son époux est très attaché à cette propriété familiale et à la commune d’Anjou ; si le chemin de fer n’y vient pas, le domaine n’est guère éloignée d’une des gares du Paris-Lyon Méditerranée.

C’est pourquoi le couple fait alors le projet de transformer la maison de maître qui a gardé son aspect des XVIIe et XVIIIe siècle, en un véritable château où toute l’Europe sera conviée lors de réceptions grandioses.

Clément et Alice Jourdan se tournent, tout d’abord vers Clair Tisseur, architecte lyonnais, qui a construit de nombreux monuments lyonnais dont la mairie du IIe arrondissement, puis après son décès vers son collaborateur et successeur Joseph Etienne Malaval.

Néanmoins, le regard de ces deux architectes s’il les rassure, ne les satisfait pas car ils souhaitent tout deux que leur nouvelle propriété, comme les réceptions qui s’y dérouleront, soient inoubliables, par leur luxe mais aussi par leur cadre. C’est pourquoi, ils se tournent vers Henri et Achille Duchêne, architectes-paysagistes très à la mode dans la haute société internationale, qui vont reprendre, transformer le projet.

Ce n’est plus simplement un architecte qui rénove une maison, c’est un architecte-paysagiste, avec tout son raffinement et sa volonté des effets de surprise qui prend la direction des travaux de la propriété.

Plus encore qu’un architecte-paysagiste, c’est un décorateur qui œuvre.

Chaque détail est pensé, renvoie au jardin, aux fleurs, aux parterres. Le parc est omniprésent. Henri et Achille Duchêne vont alléger le style officiel de leur époque, transformant le château en un grand théâtre de la vie sociale et mondaine. Que cela soit dans la salle à manger où il propose les dessins des vitraux ou des grandes tentures, tels les rideaux encadrant une scène de théâtre qui ouvrent sur un parc mixte, ces parcs qui font leur renommée dans le monde entier. Tout est surprise, invitation à la promenade, qu’elle soit intérieure ou extérieure.

Face au château vont s’élever les dépendances, mais pas n’importe quelles dépendances. Rompant avec la tradition française qui exige qu’une cour d’entrée soit simplement pavée et ne soit pas fleurie, Henri Duchêne va placer dès la grille franchie, sur la droite, un grand parterre.

Mais pourquoi prévoir une broderie face à des communs, réservés ordinairement à la domesticité ? Pourquoi ne pas avoir choisi de construire ces dépendances de l’autre côté du petit chemin où se poursuit la propriété avec son grand potager et d’autres bâtiments agricoles ?

Aucun château élevé à cette époque ne place, à quelques mètres de ses fenêtres des dépendances. Ni ne choisit des chaînes entre les bornes rappelant les guirlandes de buis des talus…

Voilà le secret, ce ne sont pas des dépendances ordinaires et leur usage domestique ne sera que très secondaire.

La rénovation du château n’avait pas permis de créer une salle de bal ni un théâtre, c’est pourquoi Henri Duchêne, à la demande de Clément et d’Alice Jourdan, va poursuivre la rénovation du château par la construction de ces bâtiments.

En ces lieux naîtront un théâtre et une salle de bal. 


 

Théâtre car nous savons que les Jourdan ont rencontré à Lyon, en 1880, la grande Sarah Bernhardt et que celle-ci leur a promis de se rendre à Anjou à l’occasion de sa prochaine venue à Lyon.

En 1887, tout est prêt pour la recevoir.

Les invités qui arrivent, après avoir franchi les grilles du château, descendent de leur voiture dans une cour aux nombreux orangers. A leur gauche, le grand parterre fleuri, à leur droite le pavillon où se trouve au rez-de-chaussée un salon d’honneur et, à l’étage, le boudoir de Mme Sarah Bernhardt.

Un plancher est posé sur les pierres lavées du Rhône ; en face le jardin d’hiver où les orangers prendront place à la mauvaise saison ; à droite la salle avec orchestre et balcon. L’avancée du toit a été dessinée par Gustave Eiffel, ami des Duchêne, car les Jourdan ne souhaitaient pas, afin de préserver l’acoustique du lieu, l’usage de poutrelles métalliques, mais seulement de bois.

A l’étage, de chaque côté du balcon, de grandes pièces communiquent entre elles par des arches. Là, les rafraichissements sont offerts, des tables de banquet sont dressées. Des tentures mobiles habillent les murs, le plafond est plâtré.

Lorsque les Jourdan reçoivent pour des représentations théâtrales ou musicales, les invités sont placés à l’orchestre et au balcon, tandis que lorsqu’ils reçoivent à l’occasion d’un grand bal, les musiciens sont placés au balcon.



 Le Bal, James Tissot.


Au dessus du jardin d’hiver, Henri et Achille Duchêne ont placé une terrasse d’où les invités peuvent regarder les danseurs tourbillonner à loisir.

Tout est luxe et raffinement. Henri et Achille Duchêne ne sont-t-ils pas allés jusqu’à dessiner les rondelles des écrous en forme de fleurs ?

 Sa cousine et amie Fernande Eynard qui a épousé Georges Meillet-Montessuy, soyeux lyonnais, découvre alors à Anjou un style particulier, le style Duchêne.

 Son époux et elle-même vont alors confier aux Duchêne la construction de leur nouvelle propriété à Joyeux. Leur propriété a été classée, dans son intégralité, Monument Historique, en novembre 2007.

En 1908, à la mort de Clément Jourdan, la propriété s’endormira doucement. La première guerre mondiale va éclater et lorsque l’Armistice sera enfin signé en 1918, une page d’histoire est tournée, la société a changé.

La chance du domaine d’Anjou est d’avoir pu traverser le temps sans que les hommes n’aient dénaturé les bâtiments ou le parc ; leur lecture reste d’un abord simple même si des travaux de restauration sont nécessaires et en cours.

Aujourd'hui, le château et son parc, propriété des Marquis de Biliotti, est en cours de restauration et devraient retrouver, après un programme de grands travaux, son lustre de 1887, date où la grande Sarah Bernhard s'émerveilla "d'une si exquise propriété."

 

 

 

Château d'Anjou, 15/17 chemin de l'église, F - 38150 ANJOU Tél. : +33 (0)6.03.91.42.42  | info@chateaudanjou.com
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